« Ceux qu'on retient » : différence entre les versions
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== Développement du projet == | == Développement du projet == | ||
=== Premières pistes === | |||
=== Une fiction caennaise === | |||
=== Ceux qu'on retient 1.0 === | |||
=== Ceux qu'on retient 1.2 === | |||
== Présentation finale == | == Présentation finale == | ||
Version du 27 mars 2013 à 10:59
Intentions
Ce sont, principalement, des hommes. Des mecs, des gaillards, loustics ? non : des grands hommes. De ceux qu'on trouve dans le dictionnaire, pages de la fin, photographies clean, rarement de sourires, posture droite, regard tantôt dans le vide (la connaissance, l'absolu !), tantôt droit dans les yeux du spectateur, on fusille d'un coup d'œil. Ils ont l'allure fière, ils ont sûrement raison. En vrac, des prix Nobel, des militaires, des résistants, quelques peintres, écrivains, mais toujours : un nom, des dates, un acte de mérite, une rue. Des grands hommes. On connaît leurs noms, toute une liste de noms qui défilent, dans l'ordre, devant nos yeux, sur leurs petits rectangles bleus. On les associe, mécaniquement, à tel poème, telle toile, tel discours politique; parfois ils ne sont que des syllabes enchaînées qui ne veulent rien dire car aussi grands soient-ils, on ne les connaît pas tous, les hommes des rues de Caen.
Leurs visages nous sont souvent aussi indifférents que les faciès croisés dans l'éternel trajet quotidien du tramway. On en reconnaît certains. Les autres ne sont qu'une façade d'yeux, de bouches, de nez qui ne (nous) disent rien. Le minois froncé, limite tête de mort, de Louis Braille ; les bouclettes, le sourire bienveillant de Rousseau ; la barbe dévorante de Modigliani ; la bacchante glorieuse d'Henri Dunant, le regard ancré vers cette grosse boîte, là, et la tête du photographe planquée sous un drap fabuleux.
On les regarde, peut-être non, non allez, ce sont eux qui nous regarderaient du haut de leurs pancartes ! Mais non, tu parles, quand ils ne sont pas coincés entre leurs pages de dictionnaires, étouffés dans la masse, manque d'air - de toute façon ils n'en n'ont plus besoin, ils sont morts - ils sont typographie blanche sur monochrome bleu.
Nous, aussi, on s'en fiche. Ou plutôt : ils ne sont pas hommes, ils sont lieux. On se retrouve à Saint-Pierre ? Non plutôt, Guynemer, ça te va? Je viens de Jean Vilar. Je prends le tram. Ah ! Le tram. Apocope. Tramway, ça veut dire. "Tram" + "way". Du middle Dutch "trame" + "way". Du latin "trama" + "way". La toile, le filet : le réseau + "way". "Way" : la route, le chemin, viens-là ! J'arrive. On arrive. Les femmes arrivent ? Les passagers je veux dire, âgés parfois, d'autres pas âgés.
Ce sont, principalement, des femmes. Grandes, petites, je n'en sais rien, juste : des femmes.
Le lieu
Finalement, ce ne sont que des lignes et des points, un beau tableau abstrait, hein ! quoi en dire ?
C'est, peut-être, un film. Mais si : celui qui défile par la fenêtre, puisque de toute façon on ne regarde que cela, la fenêtre - les êtres sont las, ou juste pas là, alors où planter ses yeux ? La vitre fait un bel écran. On a la musique dans les oreilles et le film en direct, attention, sacrée technologie. Un film qu'on connaît par cœur mais dont on se contente bien. Immeubles, barres longues, arbres, ça tourne, Modigliani, susurre la-dame-du-tram. Nouvelles barres, ça s'élève, piétons qui traversent au mauvais moment, Klaxon nerveux, le jeudi : marché. Les arrêts qui se succèdent, le paysage gris qui défile. Ambiance selon la météo : soleil on cuit, pluie le plafond perméable nous cascade dans la nuque. Ca passe, on passe. On s'oublie, puis on repère l'arrêt, ça y est, on sort. Fin de l'entracte. La vie reprend.
C'est une carte, des branches qui filent dans tous les sens mais pas trop, quand même. Ca reste bien propre. Google maps, beige et blanc. C'est un dessin plaqué sur l'écran, une toile, un réseau, on en revient toujours là. Des cartes à chaque arrêt, regardez-moi toutes ces couleurs ! Des liens, des connections, correspondance bus Twisto et Bus Verts. Un trajet qui se dessine et se construit, le doigt sur la feuille, les sourcils en visière, on suit du bout de la pulpe tendre la route, le fameux way au coeur du tram.
Ce sont des gens, des visages qu'on prend toujours bien soin d'observer discrètement. Puis quand l'ennui vient, ou alors les yeux de l'autre, vite, la fenêtre, on s'y réfugie. Pas de contact, surtout. Chacun dans sa tête, sa bulle, son monde, appelez cela comme vous voulez, le tram est, en réalité, vide. Les wagons cahotent leur rien quotidien.
C'est la ligne A du tramway de Caen.
Développement du projet
Premières pistes
Une fiction caennaise
Ceux qu'on retient 1.0
Ceux qu'on retient 1.2
Présentation finale
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capture d'écran
Je réaliserai des photographies de mon projet final, qui sera probablement placé dans un couloir. Y sera ajouté un texte explicatif et des recherches préalables (captures d'écran street view, croquis...).