Déambulation
La recherche
La ville, ses habitants, leurs trajets, leurs conversations, leur allure ont toujours suscité en moi de la curiosité et de l'intérêt. Etant moi-même actrice de cette déambulation urbaine j'ai voulu, pour ce projet, inverser les rôles et devenir spectatrice de cette flânerie quotidienne.
Le but de mon projet est de parvenir à donner au spectateur le sentiment de visiter Caen. Je souhaite que le spectateur ressente le fait d'être imprégné du rythme de la ville à travers les photographies, la bande sonore ainsi que le dessin. Ce dernier représente les pavés du centre ville qui, selon l'installation, viennent s'entasser aux pieds du spectateur, lui donnant ainsi la sensation de faire corps avec la ville. En me posant à différents quartiers du centre ville je souhaite démontrer que l'urbanisme influence la déambulation : les distinctes ambiances de la ville enveloppent, malmènent ou retiennent le piéton.
Le lieu
J'ai choisi de travailler principalement sur la rue Saint Pierre, ainsi qu'aux alentours de cette rue principale du centre ville, car ce sont des quartiers dans lesquels j'ai l'habitude d'être. En conséquent il était plus intéressant pour moi de prendre conscience du changement qui se produisait lorsque j'étais observatrice de ces rues et non plus piétonne.
Rue Saint Pierre
Le projet
Observations
Pour commencer mon projet j'ai décidé de me placer dans les rues principales du centre ville et de voir, d'écouter, de retenir ce qu'il s'y passait. Je me suis équipée d'un carnet de croquis, d'un zoom (appareil pour enregistrer du son) et d'un appareil photographique pour représenter mes idées. Les quartiers auxquels je me suis intéressée sont la rue Saint Pierre, la rue Froide, la place Saint Sauveur, la rue de Strasbourg et la rue des Jacobins.
Mes observations se sont basés sur ce que je pouvais entendre (conversations téléphoniques, dialogues) et sur ce que je pouvais voir. Parfois, je fermais les yeux pour me concentrer uniquement sur ce que je pouvais entendre ou alors sentir, comme par exemple quelqu'un qui passe près de moi. A l'inverse, parfois je me focalisais uniquement sur ce que je pouvais voir (la vitesse à laquelle déambulent les passants, s'ils sont accompagnés ou seuls).
En voici un exemple :
| Lieu : 98 rue saint pierre, sur un banc en face de la librairie générale du calvados
Heure : 13h43 « D’ailleurs je me suis bien marré c’est quand je suis passé à côté des vélos. » |
Ci-joint un document regroupant mes observations faites aux différents quartiers du centre ville devant lesquels je me suis postée.
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Notes sur le centre ville
Toutes ces constatations m'ont permis de prendre conscience que, suivant les quartiers où je me trouvais, la déambulation était plus ou moins rapide, les piétons plus ou moins pressés.
Effectivement, si je me situe rue de Strasbourg ainsi que rue Saint Pierre le flux de population est beaucoup plus élevé du fait que ces quartiers sont très commerciaux (présence de magasins, restauration rapide). Au contraire si je me trouve rue Froide la cadence des passants est plus paisible, tranquille, cela ressemble à une ballade. Concernant la place Saint Sauveur et la rue des Jacobins, les moyens de transports sont très présents ainsi qu'aux alentours de ces quartiers.
Photographies
Lors de ma période d'observation j'ai pris des photographies qui m'ont permis de confirmer les suppositions précédentes. En effet, les photographies représentent un détail redondant (piétons très présents, voiture, bus, vélo...) se rattachant au quartier.
Première ligne : Photographies de la rue de Strasbourg
Deuxième ligne : Photographies de la rue Froide
Troisième ligne : Photographies de la place Saint Sauveur
Quatrième ligne : Photographies de la rue Saint Pierre
Cinquième ligne : Photographies de la rue des Jacobins
Certaines de ces photographies représentent le mouvement de la ville suivant ses quartiers et montrent donc son rythme.
Les photographies représentent le chemin parcouru.
Concernant le projet final j'ai décidé d'imprimer ses photographies sur du papier transparent en sérigraphie, pour accentuer cette notion de mouvement.
Voici la composition et la structuration des photographies :
Ce travail en sérigraphie fait 1m30 sur 2m.
Histoire fictive
Concernant l'insertion d'une histoire fictive dans le projet final j'ai décidé de mettre en avant les conversations que j'ai pu entendre durant ma période d'observation. Cela donne à l'histoire un caractère aléatoire et surprenant. Effectivement, en ajoutant bout à bout les différents phrases entendues à chaque lieu j'ai remarqué que celles-ci s'assemblaient assez étonnamment. Le résultat final apparait comme une conversation.
Pour le projet final j'ai décidé d'insérer cette histoire fictive, écrite avec une typographie spéciale, sur le même papier transparent (sur les parties vides) que pour les photographies.
Enseignes
Pour davantage donner envie au spectateur et ainsi l'immiscer dans le centre ville de Caen, j'ai décidé de reproduire le dessin des enseignes devant lesquels j'étais lors de ma période d'observation.
Concernant le projet final j'ai décidé d'insérer les enseignes dessinés au stylo fin noir sur le même papier transparent (sur les parties vides) que pour les photographies et que l'histoire fictive.
Rapport aux détails
J'ai été aussi intéressée par les pavés du centre ville de Caen et j'ai ainsi décidé de les traiter sur un format de 1m30 sur 3m. Pour donner plus de réalité à ces pavés, j'ai choisi d'utiliser le médium peinture.
Ci-dessous ma planche de recherche :
Voici le dessin réalisé :
Son
J'ai réalisé une bande son dans laquelle je récite les notes que j'ai pu écrire durant la période d'observation.
Cette bande son sera comprise dans l'installation et diffusée en boucle pour encore plus immerger le spectateur.
Ci-dessous la bande son :
Edition
J'ai aussi décidé de réaliser une édition regroupant les photographies, mes observations ainsi que des dessins représentant des chaussures (différentes selon les quartiers dans lesquels je me trouvais)
Ci-dessous le croquis de la mise en page de l'édition :
Ci-joint le PDF de l'édition :
La finalisation
Au niveau de l'installation le papier transparent regroupant les photographies, les enseignes et l'histoire fictive sera accroché sur une fenêtre et se terminera aux environs de 70 cm du sol. A la suite se prolongera le dessin des pavés qui viendra s'étaler sur le sol ; ainsi les spectateurs pourront venir marcher dessus et donc rentrer directement en contact avec la ville.
Références
Georges Pérec, Tentative d'épuisement d'un lieu parisien Gérard Fromanger, Série Bastilles, 1968 Guy Ernest Debord, Guide Psycogéographique de Paris