Marge(s)
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Après un après-midi passé à arpenter la presqu’île avec mon appareil photo, j’ai fait un premier constat : la presqu’île est presque abandonnée. Presque. Quelques entreprises subsistent parmis ces ruines qui habitent ce territoire. Je me suis alors demandé où allaient être « placés » ou « déplacés » ces travailleurs après le réaménagement du territoire.
Est-il prévu de les laisser là ?
Vont-ils être contraints de partir ?

Tout en y réfléchissant, j’ai commencé à manipuler les quelques photographies que j’avais prises : découpage, dessin, photomontage,…
Ces expérimentations du territoire "photocopié" m’ont amené à faire des rapprochements entre les différentes formes de marges. Trois d'entre elles m'ont semblé intéressantes.
- La marge sociale, celle dans laquelle se trouveront mis un grand nombre d’employés et de personnes résidents sur la presqu'île après son réaménagement.
- La marge du livre, de l’album, d'un plan.
- La marge d'erreur en statistiques, celle qui est une estimation de la confiance à accorder à un résultat.
Ma démarche aura donc cette volonté de rendre compte d'une vision instable, délinéarisée de l'espace qui se modifie, et qui n'est pas sans influence sur son paysage et sur ses hommes qui y résident.



Carte

Dans le cas d’un plan, la marge peut être un élément qui vient perturber sa lisibilité.
C’est sur cette idée que j’ai basé mon projet de dessin grand format.
J’ai utilisé comme base à ce travail, le cadastre de la presqu’île. Pour en perturber la lisibilité, j’y ai superposé des bandes blanches horizontales et verticales.
A chaque intersection de ces bandes correspond un bâtiment qui sera démoli lors du réaménagement de la presqu’île. Le fait est que ces bandes, n’effacent pas seulement le bâtiment en question mais bien tout le territoire alentour et même au delà de la presqu’île.
Ce n’est pas un hasard. De cette manière, je cherche à figurer l’influence d’un tel projet sur l’ensemble du territoire caennais.


Album






À terme, les employés de la presqu’île seront déplacés ou licenciés.
J’ai donc voulu, pour cette seconde partie du projet, rendre compte, non plus seulement de la disparition des bâtiments, mais de la disparition des travailleurs.
Pour cela, photographier les employés devant leur entreprise, un peu comme une dernière fois, m’a paru intéressant.
À la sensibilité documentaire de ce projet d’album photographique, s’ajoute une volonté d’inventaire.
Seulement voilà.
De la même manière que la marge efface certaines parties du plan de la presqu’île, la marge de l’album efface ses résidents.
Ainsi, on ne voit plus les personnes photographiées, mais seulement leurs silhouettes un peu comme des futurs fantômes, des spectres en voient de totale disparition.
Bibliographie
- Krugman Paul, 2009, Pourquoi les crises reviennent toujours, Editions du Seuil, Paris
- Le développement de la presqu'île industrialo-portuaire, sur caen-presquile.com




